Mathieu a un quotidien comme celui des autres ados. Sans ses efforts quotidiens, « il serait dans un fauteuil roulant ».
Le jour de sa naissance, Martine a compris que quelque chose clochait avec son petit Mathieu. 4 kilos, 52 cm mais « il avait un double menton et des plis de graisse au ventre. » Un bébé potelé, trop au sens de celle dont la belle-famille pâtit à chaque génération d’obésité. « Les médecins m’ont dit qu’il mincirait en grandissant. » Elle n’y croit pas et, tout de suite, décide de noter la progression du poids du bébé. « Dès 3 ans, il prenait de 4 à 6 kilos par mois ! »
La faute à la génétique ? Elle suppose que oui mais Mathieu n’a jamais fait le test. « Il faut faire une lettre de motivation parce que ça coûte cher. Un jour un professeur m’a dit : à quoi bon puisqu’il n’y a pas de traitement ? » Mais Martine voudrait comprendre. Les gênes sont une chose, les cachets une autre, comme la cortisone que son fils a prise à cause de bronchites à répétition. Le déclencheur d’un emballement métabolique ?
Mac Do, une fois par mois, pas plus
Leur quotidien, c’est de lutter contre chaque kilo supplémentaire. Les ateliers diététiques ? Ils ont essayé. « Mais c’était de la frustration alimentaire. Je l’entendais toujours dire «J’ai faim». » Ce qu’elle n’a jamais trouvé, c’est un accompagnement sur le long terme. Alors elle l’a inventé. Mathieu a 11 ans et c’est un pré-ado heureux. « Depuis ses 3 ans il a une alimentation équilibrée mais sans privations. Une fois par mois, c’est Mac Do ou Quick. » Le reste du temps, plus qu’une maman, Martine est une vigie. Elle sait tout, voit tout : le moindre biscuit envolé, le plus petit yaourt qui manque à l’appel... Et les pubs à la télé, aïe aïe aïe ! « Il a le réflexe, il change de chaîne ! »
La plancha, rien d’autre
« À la maison, on ne cuisine qu’à la plancha, aucune matière grasse ! » Le soir, c’est soupe et yaourt pour Mathieu, qui ne se plaint jamais. « Il a l’habitude d’une alimentation équilibrée. » Ça lui est arrivé de changer d’école car à son âge, les gosses sont souvent cruels. Mais il a fait face et depuis qu’il s’est mis au basket et à la boxe, il s’éclate. « Il sait qu’il ne fait pas régime. Il fait 68 kilos pour 1,55 m. Un médecin m’a dit que sans tout ça, il serait dans un fauteuil roulant. »
C’est pour Mathieu que Martine a créé Obésité 62. Mais pas que. Son rêve, c’est d’aider tous ceux, enfants et adultes, en mal-être et en quête de conseils. C’est Mathieu qui a dessiné le logo. Travail d’équipe.
ZOOM : POUR REJOINDRE L’ASSOCIATION
L’association : Obésité 62. Elle est parue le 16 décembre au Journal officiel. Elle rayonne pour l’instant sur le Béthunois mais rêve de voir plus grand.
À quoi elle va servir ?. L’objectif de la présidente, du secrétaire Michel Benteyn et des premiers membres, c’est « d’aider les personnes, de tout âge, en surcharge pondérale. On voudrait faire une sorte de recensement et les aider sur le long terme en leur donnant des conseils et en les orientant vers les bons interlocuteurs du corps médical. On ne les remplace pas évidemment ! » Ils voudraient que les politiques prennent conscience de la situation et appuient en faveur de politique de recherche. Il y aura des permanences sur le secteur, des ateliers sur l’éducation alimentaire ou la lecture des étiquettes, des groupes de parole... Tout ceci gratuit.
Contact. Un site web (en cours de création) : www.sosobesite62.fr. Ou 07 82 26 07 33.
ZOOM : L’AVIS D’UN MÉDECIN
L’obésité dans la région, c’est un fléau ?
« Oui, on est dans un croissant qui va de la Bretagne à l’Alsace-Lorraine. C’est allé en augmentant ces 40 dernières années. Pour les enfants, c’est 15 % de plus dans la population. Chez les adultes, c’est de 5 à 10 % de plus, et de 6 à 10 % de plus chez les femmes. Pour un homme, le risque élevé de complications (diabète, AVC, accident cardiovasculaire...), c’est au-dessus de 102 cm de tour de taille, et de 88 cm chez les femmes. Les causes sont multiples. Il y a la génétique mais souvent, elle est liée à l’environnement : la sédentarité, la malbouffe... Ça coûte cher de manger des fruits et légumes. »
Comment appréhender l’obésité ?
« Les enfants, les médecins les voient en consultation. Il faut absolument calculer l’indice de masse corporelle. La Sécu nous sensibilise beaucoup ; chez les jeunes, les conséquences sont plutôt d’ordre psychologiques. Les adultes, eux, peuvent avoir tendance à s’isoler, il faut absolument qu’ils fassent le premier pas sinon ça ne marche pas. Maigrir, ça va, le plus difficile, c’est l’accompagnement sur le long terme, pour stabiliser le poids sans tomber dans le piège des régime yo-yo. »
Pourquoi rejoindre Obésité 62 ?
« On y trouvera des conseils appropriés, sur l’alimentation, l’activité physique..., et ce sera un relais efficace. C’est un bon coaching au sein d’une association : pour beaucoup, ce sera sans doute plus facile de parler, il n’y a pas ce côté «médicalisé». »